Une des causes prioritaires à cibler est l’émission de CO2, a rappelé Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue au CEA, co-présidente du groupe sur la science du climat du Giec. On sait aujourd’hui que le CO2, l’un des principaux gaz à effet de serre, résulte essentiellement de la combustion des énergies fossiles pour la production d’énergie.
Dans ce contexte, les consommateurs prennent de plus en plus conscience de la nécessité d’agir et cherchent des solutions à leur échelle. Ils sont demandeurs d’un mode de consommation qui redonne du sens à leurs actions. Ces attentes ont été bien comprises et les offres commerciales multiplient les discours engagés usant de nombreux raccourcis écologiques.
Les offres vertes électriques à destination des particuliers en sont un bel exemple : quasiment tous les fournisseurs d’électricité en France en proposent une.
Seulement, l’énergie “verte” est avant tout une appellation marketing qui ne permet au consommateur de décarboner sa consommation électrique qu’en partie.
Certes, les offres d’énergie verte ont contribué au développement des énergies renouvelables grâce au système des garanties d’origine. Elles ont permis de diminuer de 5 millions de tonnes les émissions de CO2 en France en 2019, comme le souligne RTE. Pourtant, nos données prouvent que les ménages qui ont des offres vertes ont des profils de consommation qui ne favorisent pas une baisse des émissions de CO2.
Aujourd’hui, les données de consommation électrique et d’intensité carbone du mix électrique, associées à des services créés par des acteurs tiers comme Lite ou adapt, permettent de mettre en évidence les ajustements nécessaires pour rendre ces systèmes encore plus efficaces dans le but de réduire les émissions de CO2 à une échelle massive.
Nous avons cherché dans cette étude à mesurer l’impact des offres d’électricité verte sur le climat et l’environnement, pour démontrer que la labellisation “électricité verte” ne suffit malheureusement pas à aider les particuliers à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Pour une action efficace au niveau individuel, la donnée est devenue un paramètre important pour guider les consommateurs vers de nouvelles habitudes à mettre en place. Elle permet de cibler les actions les plus importantes et de les pérenniser grâce à un suivi facilité.
Depuis quelques années, les données sont partout et contribuent, à l’échelle individuelle, à la prise de conscience des consommateurs sur des sujets qui étaient jusque-là complexes et ont encouragé leurs actions dans une démarche d’amélioration (de leur santé, de leur consommation).
Chez Lite, par exemple, l’affichage de l’empreinte carbone causée par la consommation électrique des foyers a plus d’une fois fait réagir les utilisateurs et soulevé des questions sur le réel impact de leur offre électrique sur la planète, souvent à contre-courant de ce qu’ils espéraient : “J’ai souscrit une offre verte, je ne comprends pas pourquoi vous m’affichez que je consomme de l’électricité d’origine fossile”.
Jusqu’à aujourd’hui, la donnée électrique à une maille globale, mise à disposition par RTE, était suffisante pour aligner une production en majorité pilotable à une demande en consommation, elle aussi majoritairement prédictible.
Les nouveaux usages électriques (véhicules électriques, auto-consommation, climatisation) et l’accroissement des moyens de production non pilotables (éolien, solaire) ont changé la donne. Les données à la maille individuelle, permises par le compteur communicant Linky, sont dorénavant essentielles pour rendre le système électrique plus efficace : pour équilibrer le réseau tout en limitant les émissions de CO2, répondre à une électrification massive des usages et optimiser la consommation électrique (travaux d’isolation, performance des équipements, recharge intelligente).
Aujourd’hui, on compte sur le marché plus d’une quarantaine de fournisseurs électriques qui proposent au total plus de 141 offres différentes dont 93 offres vertes 1.
Il est intéressant de noter que l’échantillon des logements Lite étudié est composé à 38,3% de foyers ayant souscrit une offre électrique verte. Alors que l’offre Bleu au tarif réglementé EDF reste majoritaire pour les foyers ayant une offre classique, ce sont les offres vertes Mint, Green Yellow (CDiscount avec option verte incluse) et Bulb qui arrivent en tête des choix pour les foyers qui disposent d’une offre verte.
Dans ce contexte, nous avons mené une étude auprès des utilisateurs du service Lite pour mesurer l’impact des offres d’électricité dites vertes sur les émissions de CO2 du logement. Nous avons comparé l’empreinte carbone de la consommation électrique d’un foyer disposant d’une offre d’électricité classique à celle d’un foyer ayant souscrit une offre verte.
L’échantillon analysé compte plus de 3 800 logements particuliers utilisant le service Lite, répartis sur tout le territoire français et disposant au minimum d’un an de données de consommation électrique enregistrées par leur compteur communicant Linky. Ces utilisateurs ont, par ailleurs, tous déclaré leur fournisseur et leur offre d’électricité.
Une offre d’électricité a été définie comme “verte” lorsqu’elle est explicitement décrite par le fournisseur d’électricité qui la commercialise comme telle. Ce dernier s’engage à acheter ou produire l’équivalent de la consommation électrique annuelle de ses souscripteurs, en électricité produite par des moyens renouvelables (solaire, éolien, biomasse, hydraulique), via le mécanisme des certificats d’origine.
Toute autre offre a été considérée dans nos analyses comme une offre d’électricité classique.
L’empreinte carbone des foyers que nous avons étudiés, prend en compte la quantité de CO2 liée à la consommation électrique du logement. Elle a été calculée directement en croisant les données de production Eco2Mix de RTE à la consommation journalière des foyers utilisant le service Lite. Cette analyse permet d’avoir des résultats précis à l’échelle de chaque logement relié sur le réseau électrique français. Ils pourraient être complétés par le mix énergétique au pas horaire de chaque fournisseur et l’intégration des échanges aux frontières.
Enfin, dans le souci de rendre nos résultats plus justes, nous avons également mis en perspective l’intensité carbone moyenne de la consommation annuelle pour chaque foyer, ramenant ainsi le rapport d’émission de CO2 de la consommation électrique du foyer sur une année au kilowattheure consommé.
Encore plus frappant, en considérant l’intensité carbone liée à la consommation électrique, on remarque que les foyers ayant souscrit une offre verte ont une intensité carbone moyenne de la consommation annuelle identique aux foyers disposant d’une offre classique !
Cette première analyse montre que quelle que soit l’offre électrique souscrite, les usages et habitudes des particuliers ne permettent pas de diminuer les émissions de CO2 de leur consommation électrique effective.
On notera que les populations de foyers ayant souscrit à des offres vertes et non vertes ne sont peut être pas les mêmes : le type de chauffage va en effet beaucoup influer sur les profils de consommation et donc l’empreinte carbone. Il est nécessaire d’affiner l’analyse.
Pour compléter nos résultats, nous avons poussé l’analyse jusqu’à différencier les foyers chauffés à l’électricité et au gaz.
On remarque ainsi que les foyers avec un chauffage au gaz ont une intensité carbone liée à la consommation électrique légèrement plus faible. Ceci est probablement dû au fait que leur consommation électrique est moins importante que celle des foyers chauffés à l’électricité durant les pics de consommation l’hiver. Ces pics de consommation étant souvent associés à des émissions de CO2 plus importantes dans la production d’électricité (du fait du démarrage de centrales de pointe), consommer à ces moments dégrade fortement l’empreinte carbone de la consommation électrique. Il faut cependant avoir en tête que les foyers chauffés au gaz ou à une autre énergie ont une empreinte carbone supplémentaire qui n’apparaît évidemment pas dans nos analyses sur l’électricité.
Nos analyses montrent ainsi qu’un foyer ayant souscrit une offre électrique verte n’émet, en pratique, pas moins de CO2 qu’un foyer ayant souscrit une offre électrique classique. Décevant pour tout consommateur qui espérait diminuer son empreinte carbone globale en consommant une électricité verte.
Les consommateurs disposant de ces offres vertes encouragent en réalité le développement des énergies renouvelables par le biais des certificats de garantie d’origine, émis directement par les fournisseurs ayant leurs propres moyens de production (barrage hydraulique, solaire, biomasse ou éolien) ou achetés sur les marchés. Mais en pratique, sans offre qui garantit en temps réel une fourniture 100% renouvelable, les consommateurs ne réduisent pas eux-mêmes l’impact carbone de leur consommation électrique.
Cette méprise s’explique, au regard des données analysées, par plusieurs causes.
La clé d’une consommation électrique moins émettrice de CO2 réside dans un changement d’usages et habitudes conséquent. Or, la plupart du temps, la souscription d’une offre d’électricité verte suffit à donner bonne conscience sans remettre en question des causes plus importantes comme l’efficacité énergétique.
Peu de consommateurs particuliers savent que l’impact CO2 réel des moyens de production est immédiatement lié à la temporalité. Or, ils peuvent rarement faire preuve de flexibilité pour aligner leurs besoins à l’impact CO2 de la production.
L’intensité carbone de l’électricité est très variable dans le temps, elle dépend des saisons et a fortiori, des moments de la journée.
Prenons l’exemple de deux foyers ayant une consommation annuelle et des caractéristiques (modes de chauffage) quasiment identiques et observons leur consommation électrique, leur intensité carbone et leur empreinte CO2 respectives :
Comparaison de la consommation électrique du foyer, l’intensité carbone du mix énergétique et l’empreinte carbone résultante de la consommation du foyer à l’échelle quotidienne :
La différence entre ces deux foyers pris en exemple, c’est que le premier dispose d’une offre classique (EDF, offre tarif bleu) et que le deuxième a souscrit une offre verte (Green Yellow, offre Cdiscount énergie avec option verte).
Or, on remarque d’abord que leurs consommations électriques suivent la même saisonnalité (chauffage sur la période hivernale, absences sur les périodes de vacances… etc).
On remarque même, qu’identiquement, certaines périodes d’intensité carbone élevées ne correspondent pas forcément à une période de consommation différenciée.
Enfin, l’analyse de l’intensité carbone moyenne de la consommation électrique pour les deux foyers – 36,7 gCO2e/kWh pour le premier foyer et 37,9 gCO2e/kWh pour le second, confirme que les comportements sont très similaires entre les deux foyers et que le fait de souscrire une offre verte n’a pas conduit à une modification des usages permettant de limiter l’impact de la consommation électrique du foyer.
Aujourd’hui, grâce aux données, il est possible d’aider les consommateurs à limiter leur impact carbone en temps réel.
Début 2021, adapt a mené une expérimentation avec plus de 2300 consommateurs dans le cadre de la compétition Ma Petite Planète, démontrant qu’il était possible de les aider à identifier les meilleurs moments pour limiter l’impact de leur consommation électrique.
Grâce à une “météo de l’électricité” en temps réel et en prévisionnel en France continentale, les consommateurs pouvaient agir activement de deux façons :
Ils étaient ainsi sollicités pour programmer le lancement de leur machine à laver au “bon moment”, preuve photo à l’appui certifiée par la communauté.
Par ce simple geste, les utilisateurs ont fortement réduit l’empreinte carbone de leur propre consommation d’électricité, d’un facteur pouvant aller jusqu’à 3 entre le pire moment et le meilleur moment à l’échelle de 2 ou 3 jours. Concrètement, le linge a été lavé avec de l’électricité à 24 gCO2e/kWh plutôt qu’avec de l’électricité à 60 gCO2e/kWh.
Au-delà du périmètre de leur compteur électrique, à l’échelle du réseau électrique de France continentale, les utilisateurs ont évité de solliciter les deux centrales charbon de France2 au “pire moment” pour laver leur linge, ce qui représente une économie de plus de 700 kilos de CO2 équivalent au total en émissions de GES évitées3.
En extrapolant l’impact de ces actions sur l’année complète, ces mêmes 2300 utilisateurs pourraient éviter la combustion de l’équivalent de 200 tonnes CO2 dans les centrales fossiles émettant le plus de CO2 en lançant leurs machines au bon moment.
Avec l’électrification des usages (transport, chauffage, procédés industriels) et le développement des moyens de production non pilotables (solaire, éolien), il va être de plus en plus nécessaire de pouvoir agir sur la flexibilité en accompagnant les consommateurs en pratique comme le fait le service adapt.
Le décalage des usages est donc une première réponse efficace pour réduire les émissions liées à la consommation électrique. Néanmoins tous les usages ne peuvent pas facilement être décalés et la réduction de leur impact passe donc par une nécessaire sobriété dans leur usage.
Parallèlement, optimiser l’impact énergétique des logements est également un levier efficace pour diminuer concrètement les émissions de CO2 des consommateurs.
On remarque ainsi que pour des foyers similaires en Île-de-France (chauffage électrique, eau chaude sanitaire électrique, 90m2, par exemple), il existe une grande disparité énergétique : les plus performants émettant en moyenne 162 kgCO2e et les moins performants 491 kgCO2e.
Dans cette visée, un service comme Lite est capable d’accompagner ses utilisateurs dans la réduction effective de leur consommation énergétique, grâce à des analyses pour détecter les sur-consommations (chauffage, isolation, veille…).
Avec l’usage des données, il existe donc des leviers efficaces à l’échelle individuelle, pour diminuer l’impact carbone des logements particuliers. C’est pourquoi adapt et Lite militent activement auprès de leurs utilisateurs pour la sobriété énergétique et l’optimisation des réglages de leurs équipements (programmation, réglages, isolation, remplacement des équipements).
La comparaison de l’empreinte carbone réelle de la consommation électrique des foyers avec ou sans offre verte montre que ces dernières n’ont pas d’impact direct dans la réduction des émissions liées à la consommation électrique de leurs clients. Ce sont principalement les comportements des consommateurs qui vont permettre de modifier l’impact environnemental de la consommation électrique.
Ces offres dites “vertes” sont une excellente opportunité pour sensibiliser les clients aux enjeux de la transition énergétique et doivent se renforcer pour encore mieux les aider à réduire effectivement les émissions de gaz à effet de serre liées à leur consommation électrique. En particulier au travers des opérations de décalage des usages (comme avec adapt) et par la réduction durable de leur consommation (comme avec le service Lite).
Pour reprendre l’évaluation produite par le GIEC, il est urgent de réduire immédiatement, à grande échelle et très fortement nos émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement climatique. L’analyse grâce aux données des émissions et la mesure de l’impact des solutions est donc essentielle pour agir efficacement de façon massive et à l’échelle de chaque citoyen. Adapt et Lite partagent cette vision et inscrivent leurs services dans la lignée des initiatives adressées aux consommateurs particuliers, comme la base de donnée de l’empreinte carbone des produits CarbonFact ou encore l’éco-score de Yuka pour aider chacun à mieux comprendre et relever les défis à son échelle.
Lite est spécialisé dans l’analyse des données de consommation énergétique pour identifier les leviers d’action prioritaires et mesurer leur impact. Lite fournit une solution SaaS clé en main ou via API pour permettre aux acteurs de la transition énergétique de bénéficier d’analyses puissantes et accompagner leurs clients.
Pour toute question, contactez Rémy ROUSSET (CEO et co-fondateur) par mail remy.rousset@lite.eco
adapt permet à ses utilisateurs de réduire l’empreinte carbone de leur consommation d’électricité au quotidien. Les utilisateurs visualisent la « météo de l’électricité » en temps réel et en prévisionnel pour être incités à moins consommer lorsque l’intensité carbone de l’électricité est élevée et à mieux consommer en décalant certains usages lorsque l’intensité carbone est plus faible. L’outil disponible sur ordinateur ou smartphone, est gratuit et déjà disponible dans plusieurs pays.
Pour toute question, contactez Adrien de VRIENDT (co-fondateur) par mail adrien@adapt.sh
1Source : Lite, baromètre des fournisseurs et offres en France, septembre 2021.
2 Les deux dernières centrales charbon de France qui fournissent “l’appoint” au réseau électrique sont celles de Cordemais et de Emile-Huchet. Entre le 25 janvier et le 15 février 2021, le système électrique leur a demandé de fonctionner pendant quelques centaines d’heures (environ 50% du temps) pour fournir l’électricité marginale assurant l’équilibre production/consommation. Elles ont fonctionné jusqu’à une puissance d’environ 1,6 GW (soit plus qu’un réacteur à eau pressurisé nucléaire de 1,3 GW).
3 Estimation de l’impact des émissions évitées réalisée par adapt avec la méthode de comptabilité des émissions de GES dite “conséquentielle” en utilisant une estimation de l’empreinte carbone dite “marginale” de l’électricité sur le périmètre et la période considérés. Pour plus de détails méthodologiques sur la philosophie de la méthode conséquentielle, voir le guide pratique des acteurs spécialisés Watttime et Tomorrow publié en août 2021.
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